« Je suis née avec des yeux d’anges
et des fossettes au creux des joues »


Ces paroles de Bruno Coquatrix auraient pu bercer mon enfance en plaine d’Alsace. D’autres paroles de Trenet « Douce France » « que reste t’il de nos amour » entre autres ont marqué au fer rouge mon adolescence.

 


Les clochers des villages que j’apercevais depuis ma chambre étaient ceux de la chanson. « j’ai pleuré sur tes pas » que chantait André Claveau, « j’attendrai »  Rina KETTY me disaient la nostalgie des autres, et je les chantais sur ma bicyclette en allant chercher le pain, c’était mon boulot celui de plus jeune de cinq enfants.


Je me coulais dans ; la voix de René Lebas, d’Yvette Giraud et sa « danseuse est créole ». Je pédalais ma vie de chanson en chanson. Il n’y a que ça qui m’intéresse, sur le cheminde l’école, deux kilomètres à pied, quatre fois par jour je me repasse des chansons entendues à la radio.


-   « que veux tu faire plus tard ? 
-    je veux être chanteuse
-     pas de ça dans la famille ! »

En avant pour le bac . . .  on verra bien après !
Après ? je ruse ! j’accepte l’école hôtelière de Strasbourg en attendant qu’ils s’habituent à me voir loin de la maison. Quatre mois plus tard je me faufile au conservatoire et revient triomphante « on m’accepte au conservatoire de Strasbourg ». Devant tant de culot, mon père dit : « alors fait l’école de théâtre du centre dramatique de l’est, si tu es prise je t’aiderai, sinon oublie ça » Bonheur ! je suis prise. « Star Académy » avant l’heure mais sur trois ans, ça vous met les fondations en place, mais . . .  mais . . . mais . . . ça n’est pas encore la chanson.
               D’accord on me distribue des rôles qui chantent mais je veux chanter ce que j’ai envie de dire et . . . ça part comme ça . . .  une nuit . . . je me réveille  . . .  une chanson en tête je me mets à l’écrire et au matin je la chante, la maladie est née, enfin je sais pourquoi je vis.  Ni propositions de théâtre, ni mariage, ni pleurs de Maman, rien, je veux Paris. On est en 58. Et là aussi Papa m’aide.
Mes petites chansons intéressent les cabarets. Débuts à la Colombe, puis le Cheval d’Or où je reste 7 ans.Les copains sont Jean Ferrat, Pierre Perret, Pierre Louki, Daniel Prévost, Boby Lapointe, Ricet Barrier, Anne Sylvestre, Suc et Serre et puis surtout Pierre Etaix.

L’été pour vivre, je revenais à mon petit savoir faire dans la restauration, un jour un collègue me fait mon ciel astral et revient tout heureux :

-          « tu seras célèbre

-          ah bon,  quand ?

-          euh. . pas tout de suite, plus tard . . .

-          à 30 ans ?

-          non . . . plus tard . . .

-          à 40 ans ?

-          non plus tard, beaucoup plus tard. »

je n’ose pas en demander plus. A chaque étape de ma carrière [il y en a : prix de la chanson française à Beyrouth – l’école des vedettes finaliste – coupe d’Europe de la chanson, on gagne – tournée avec Barbara et Reggiani, un souvenir glacial en plein hiver 65, très peu de spectateurs, elle aussi attend que ça vienne à cette époque, Reggiani c'est la  première fois  qu’il chante, tout le monde espère ! Puis Bobino avec Colette Renard.] Je me dis « ça y est » ? non . . .  c’est encore trop tôt . . .  pas encore assez « tard » sans doute !

        Mais « être célèbre » ça veut dire quoi ? Un assassin l’est en huit jours. Un sportif en quelques seconde, et après ? Non je ne sais pas ce que ça veut dire !

        Faire des chansons : OUI !, qu’elles soient connues : OUI ! ,qu’elles soient aimées :OH OUI, OUI, OUI, LA OUI !

        Je ne tiens pas plus que ça à la gloire. Je m’en aperçois quand je tourne « YOYO » avec Pierre Etaix et que nous allons à Cannes, même le prix de l’office catholique est triste. Ca ne me concerne pas, juste les deux chansons que j’ai écrites sur la musique du film me tiennent à cœur. Je reste assise dans un coin de ma vie, mal dans ma peau de compagne de cinéaste, la création c’est lui pas moi, et moi je crée des chansons. Il me rend service quand il me quitte pour Annie Fratellini, il me rend à mes chansons. Je retourne dans les cabarets au bout de six ans d’absence et repars à zéro. Est-ce assez « tard » ?

        Georges Brassens qui avait dit d’une  de mes chansons  « le grand tonton » en 1960 :  « J’aurais aimé l’avoir écrite » me file la légion d’honneur sans le savoir. Que m’importait que ça se sache ou non, moi je le savais et ça me suffisait. Il se souviendra pourtant de moi quand en 72 j’apprends qu’il va faire Bobino, je m’enhardis et vais le voir pour lui demander de passer dans son programme : « Pourquoi voulez vous faire Bobino avec moi ?» dit-il . Je rougis, je transpire, je cherche la raison et mes mots et puis la vérité sort évidente :  « Parce que ça me ferait tellement plaisir », Georges Brassens regarde longuement Jean Bertola qui m’avait aidé à le rencontrer, puis hoche la tête :  « C’est une raison valable » dit-il à Jean Bertola. Je n’en reviens pas. Je ferai Bobino en décembre 72 avec lui.

        J’ai 35 ans c’est peut-être ça « tard » ? non . . . pas encore assez!.

        Après une tournée dans les maisons des jeunes, le temps de m’apercevoir que le yéyé remplit les salles plus que nous, je suis fatiguée de marcher contre le vent.

        Pour la première fois je me dit c’est « trop tard » et je mets une croix sur la chanson. Je ne veux plus en entendre parler. Je vends des pulls overs sur les marchés avec un copain. Pendant 4 ans. Ouf de l’air !

        Un jour on sonne à ma porte, une jeune femme venue de Suisse a mis trois heures pour faire Paris Noisy le grand en bus, (il n’y avait pas encore le RER ni l’autoroute) pour me demander une chanson que j’avais écrite 5 ans plus tôt et qu’elle voulait chanter.

        Ça, ça me fait plaisir. J’apprends qu’à Nanterre une bande d’artistes veulent créer une école de la chanson, c’est eux qui me l’on envoyée.

        Je les rejoins. Christian Dente qui est l’inventeur du projet me dit « veux-tu être des nôtres ». Le ciel me tombe sur la tête et je sors un grand « oui ».  

        On est en 1980 j’ai 47 ans et l’avenir me plaît. Nous serons les fondateurs des « Ateliers Chanson de Paris » la première école de chanson de France. Jean DUFRESNE, mon mari qui me poussait à revenir à la chanson, accepte d’en être l’administrateur et l’équipe se met en route.

Enfin je fonce pour autre chose, autrement, mais toujours la chanson, toute ma joie de vivre décuplée. Elle durera 20 ans. Elle dure encore.

Mon nouveau souffle s’appelle « les autres » !

        Oui, je crée un polar musical en 83, seule en scène, il est super, peu médiatisé, qu’importe « Hold Up » m’a été insufflé par l’envie de donner aux autres, un spectacle où ils n’aient pas besoin d’applaudir ; 69 minutes ininterrompues.

        Il commence à être tard ! . . . alors ? pas encore assez sans doute !

        Je donne tout ce que je sens à ces élèves qui progressent et me donnent l’énergie, l’endurance, la fraîcheur et . . .  des idées de chansons pour eux. Je remercie Florence LEAUD – Hervé DELAITI – Gilles LUTROT – Nathalie BOLO – Ken ALLEN – PERINE – CHRISTIANE – SORAYA – RODOLFO -  Daniele HOUDREMONT – LÂÂM – Jean Claude POISSON – Noêlle ROUSSEAU – Peter MAN – Carole HEDELINE – Valérie JANE – Anna IGALSON – SHALAYA – Maxime René CLIMENT – Pierre EMMANUEL de m’avoir donné envie de leur écrire des chansons.

        Je ferai une autre comédie musicale « l’ascenseur » pour une jeune élève de l’école Valérie JANE, en qui je crois. Elle sera ma fille en scène, dans cette engueulade musicale que nous donnerons au Clavel devant des spectateurs abasourdis «  comment se fait-il que ce ne soit pas connu, c’est énorme et superbe » Non, ce n’est pas connu tant pis ! Je continue quand même à faire des chansons.

        Il en naîtra une cinquantaine pour les élèves et pour moi, qu’ils chanteront et que je chanterai au hasard des spectacles.

        Mais ces chansons, à l’heure où nous passons la main à la nouvelle équipe de jeunes en juin 2000 (tous anciens élèves de l’école) ne veulent plus rester silencieuses . Elles me crient « on veut vivre, tu nous as faites et personne le sait, on ne veut pas finir dans ton tiroir, chante nous, ou fais les chanter 

        Après tout elles ont raison. Ce n’est pas trop tard au contraire, maintenant j’ai le temps. Mon endurance, mon tempérament de marathonienne répète,  distribue et met en route ce recueil de 54 chansons inédites.

     Mon tour de chant sera fait d’elles en 2004 pour mes 70 ans.

     Il n’est jamais, jamais trop tard !

 

1933 Née Alsacienne de Selestat

1953 – Conservatoire de Strasbourg. Chant, art dramatique

19541957 – école d’art dramatique du « Centre Dramatique de l’Est »

1957 – tournées théâtrales : Corneille, Molière, Shakespeare, (B.Shaw avec Tania Balachova)

19581965 – Cabarets de la rive gauche : La Colombe, l’Ecluse, le Cheval d’or (pendant 7 ans) l’échelle de Jacob, chez Moineaux, le Port du salut, la Rôtisserie de l’abbaye la Colombe, le Collège Inn entre autres.

1961 – aux concerts Pacra avec André Claveau

1962 – Prix de la chanson françaiseavec « la poussière au doigts » président du jury : Marcel Carné et prix d’interprétation.

1962 – Bobino avec Colette Renard

1964 – tournée avec BARBARA et REGGIANI

1965 – au cinéma : rôle principal de « YOYO » de et avec Pierre Etaix et Claudine Auger(prix de l’office catholique à Cannes)

1966 – écrit le TWIST du film « tant qu’on a la santé » de Pierre Etaix

1968 – retour dans les cabarets et tournées dans les M.J.C.

1972 – Bobino avec Georges Brassens

19741978 – Ras le bol de la chanson, vend des pulls over sur les marchés

1978 – Retour dans les cabarets « la vieille grille » etc.

1980 – Création avec Christian Dente, Gilles Elbaz et quelques autres artistes de la première école de chanson de France à Nanterre – prof d’interprétation et d’écriture de chansons

1983 – Création d’un polar musical, seule en scène mais 15 personnages différents au théâtre Marie Stuart à Paris 

19832000 – Création des ATELIERS CHANSON DE PARIS avec des anciens de Nanterre.Co-directrice de l’école de la chanson et du spectacle avec Christian Dente, Jean Dufresne, Gilles Elbaz – prof d’interprétation et d’écriture de chanson entre autres.

19831997 – création et animation d’un atelier chanson à Noisy le Grand

1993 – reprise du Hold up (polar musical) , au sentier des Halles à Paris (3 semaines)

1996 – comédie musicale « l’ascenseur » pour et avec Valerie JANE au théatre Clavel (5 semaines)

1999 - . . . – animation d’un atelier chanson à Corbeil Essonnes , création de spectacles et programmation de jeunes artistes issus de l’école de la chanson à la MJC

2000 – au bout de 20 ans de direction des ateliers chanson de Paris l’équipe dirigeante (Christian Dente, Luce Klein , Jean Dufresne) passe la main à une jeune équipe d’artistes issus des ACP : Véro GAIN – Laurent MALOT – Joël LEGAGNEUR – Myria TANAIS – Olenka WITJAS – Michel GOUBIN – Gérard GABBAY – Stéphane RIVA – Hervé DELAITI - Anouk MANETI – Ann’clair MARIN . Devant la somme de chansons écrites pour les autres et pour elle-même décide de réunir tous ces inédits. Interprétés par Pierre Emmanuel, Véro Gain, Laurent Malot, Joêl Legagneur, Myria Tanais, Olenka Witjas, Michel Goubin, Hervé Delaiti, Périne, Lise Nathanson, Christiane Salangros, Anouk Manetti et Christian Dente. Les arrangements sont de Sylvain Durand, Michel Goubin et Gérard Gabbay. ,Sur un double CD sortie prévue : 2003 – 2004 intitulé « DANS LES POUBELLES DE MA VIE » . . . Y’avait quelques idées que j’ai récupérées elles avaient bien mûri je trouve j’les écoute aujourd’hui comme de vielles connaissances qui nous disent par chance comment les temps qui fuit nous couve (1° chanson du CD)
Devant la somme de chansons écrites pour elle même et pour d’autres, inédites décide d’enregistrer 44 d’entre elles interprétées par des jeunes artistes issus de l’école des ACP et par elle même réunis sur 2CD sortie prévue fin 2003.

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